
Nous quittons la forêt humide ce matin avec Dewa, qui sera notre chauffeur (anglophone) pour 6 des 10 jours à venir. Première étape, les célèbres rizières de Jatiluwih, au pied du volcan Batukaruh. A vol d’oiseau ce n’est affaire que de dix minutes… Il en est tout autre par la route, si on veut éviter les mauvaises pistes dégradées par la pluie. Nous désescaladons les pentes du volcan pour remonter un plus à l’Est… comme illustré ci-dessous !

Mais le long de la route, nous avons déjà le plaisir de croiser nos premières superbes rizières en terrasse.



Nous ne le savons pas, mais ce seront nos rizières les plus photogéniques du périple ! En effet, la saison sèche arrive et la récolte est souvent bien entamée.
Mais la belle surprise sera ce magnifique Martin-chasseur de Java, qui pose presque en bord de route. Notre meilleur observation du séjour également. Ça valait le détour!

Vous voulez mon portrait?

Après une heure de route nous arrivons donc aux célèbres rizières de Jatiluwih. Un peu stressés au début, car l’accès à la route est payant, et nous craignons un piège à touristes, nous nous détendons finalement en contemplant le site splendide niché au pied des volcans.

Le paysage des rizières en terrasses de Jatiluwih est inscrit depuis 2012 au patrimoine mondial par l’UNESCO sous le libellé de:
« Paysage culturel de la province de Bali : le système des subak en tant que manifestation de la philosophie du Tri Hita Karana« .
Les subak sont des associations villageoises chargées de l’irrigation et de gestion de l’eau bien ancrés au plus profond de la culture balinaise. La fonction vitale de chaque subak est de gérer le réseau hydraulique si fondamental dans la riziculture et de répartir équitablement les quantités d’eau nécessaire, en fonction des besoins et des terrains.

Tri Hita Karana est une philosophie traditionnelle de la vie à Bali. La traduction littérale est à peu près le « trois causes de bien-être » ou « trois raisons de la prospérité. »
Les trois causes visées dans le principe sont les suivantes :
- L’harmonie entre les humains
- L’harmonie avec la nature ou de l’environnement
- L’harmonie avec Dieu
A côté des fameuses rizières en terrasses de Jatiluwih, l’inscription concerne donc plus généralement la philosophie qui sous-tend les subak, à savoir le Tri Hita Karana, dont la pensée vise à harmoniser les univers spirituels, humains et naturels
Cependant, mes craintes quant au tourisme étaient fondées. Si la fréquentation était raisonnable du fait de l’heure matinale et de la longueur du circuit parcouru (5km), ce site est bien victime comme plusieurs autres par une surfréquentation touristique.
En effet, après parcours des récents rapports de l’UNESCO, il est noté entre autres que « Le Comité du patrimoine mondial (…) prend note avec inquiétude des impacts du tourisme et du développement associé sur le bien, en particulier dans la région de Jatiluwih, ainsi que de l’extrême fragilité du paysage… ». Le morcellement du paysage, notamment par la construction d’hébergements ou l’abandon de parcelles moins rentables inquiète l’UNESCO. A raison : bien que la riziculture reste, malgré les transformations en cours, la principale activité des Balinais, au vu de la rapidité des changements économiques à Bali, ce n’est pas une certitude pour l’avenir. Sur cette île surpeuplée, l’autosuffisance alimentaire, en ce qui concerne la production de riz, n’est d’ores et déjà plus assurée, et le dur travail agricole ne fait plus rêver les jeunes générations, qui préfèrent le confort apporté par le travail dans le tourisme. Cercle vicieux, puisque les touristes viennent aussi à Bali pour s’extasier devant ces paysages réellement uniques.

Nous parcourons donc ces rizières qui nous évoquent avec un peu d’imagination un écomusée en plein air… La saison des récoltes est sur la fin avec le début de la saison sèche. Nous découvrons les différents stades de la culture et de la récolte.







Selon les variétés de riz (blanc ou rouge majoritairement), il y a deux à trois récoltes par an. En saison sèche, certaines terrasses ne pouvant pas être suffisamment irriguées changent de destination et accueillent selon les régions des cultures de tomates, piments, fleurs, concombres… On imagine la complexité des décisions que doivent prendre les Subak!

Les oiseaux qui peuplent ces rizières sont nombreux, et ils ont moins problèmes à résoudre… D’un coup d’aile ils changent de parcelle selon l’activité qui s’y déroule, et qui amène anguilles, insectes ou vers délicieux!…


Pour aller plus loin : https://www.baliautrement.com/bali_jatiluwih.htm et https://whc.unesco.org/fr/list/1194/
Les grands lacs
Il est temps, après une pause déjeuner, de poursuivre à l’assaut des plateaux volcaniques de l’île, au pied des sommets qui servaient de toile de fond aux rizières visitées. Arrivés à Bedugul, nous commençons par la visite très touristique du temple Ulun Danu Beratan, placé dans un écrin magnifique au milieu des volcans boisés et au bord du lac Beratan.

Le site s’accommode avec un coté un peu kitsch, propice aux photos… l’intérieur des temples eux-mêmes est en revanche réservés aux balinais de confession hindoue.

La pluie fait son apparition alors que nous franchissons la fameuse « porte du paradis » Cette porte qui semble avoir été fendue en deux s’appelle candi bentar et marque la transition du monde profane au monde sacré.

Pour aller plus loin, un petit article pour bien comprendre les temples balinais : https://www.balireve.com/blog/religion/mieux-comprendre-les-temples-balinais.html
Pour les non initiés, c’est donc surtout un bel endroit pour déambuler et jouer les photographes 😉

En effet de petits temples annexes sont construits au bord du lac , où ils se reflètent par temps calme.



Un spectacle de danse Barong avait lieu mais nous sommes arrivés un peu tard… Rendez-vous dans 10 jours à Ubud pour un spectacle équivalent…


Nous poursuivons pour rejoindre notre maison d’hôte à une heure de route à l’ouest. La route s’élève et atteint 1300m d’altitude, puis elle surplombe deux autres lacs volcaniques occupant une ancienne caldeira.

Avec surprise nous constatons la production de fleurs d’hortensia, qui apprécient la fraicheur des hauts plateaux. Elles sont utilisées pour les offrandes faites quotidiennement par les balinais. La fraicheur profite aussi aux plantations de fraises qui abondent au bord des routes un peu avant, vers Bedugul… On est loin des images exotiques de Bali !

En fin d’après-midi, nous rejoignons le village de Gobleg, non loin de Munduk.
Nous sommes accueillis chaleureusement par une famille adorable qui tient une petite maison et table d’hôte familiale. A l’écart de la route fréquentée, le site est magnifique, face aux volcans et rizières à l’est…

et au coucher de Soleil en direction de la mer de Java, au loin.

Au petit matin…



Après quelques moments de contemplation nous partons le plus tôt possible pour explorer le jardin botanique de Bedugul.


le Jardin botanique de Bedugul
Nous nous scindons en deux équipes : Ces dames étudient la botanique, messieurs l’ornithologie !!

Les équipes fusionnent pour admirer les plus beaux spécimens… botaniques…



Puis quelques observations communes…






A midi, les participants épuisés se refont devant les lacs de la veille…

Un petit warung, restaurant familial, fera l’affaire; la boisson est un peu moins familiale, pour une exception…

De retour à Munduk, nous terminons la journée par (encore) quelques kilomètres dans les rizières. au départ de notre hôtel…



… A la recherche d’un cascade encaissée…

Deux découvertes dans la journée, cela suffit bien si on prend son temps !

Cette belle fleur pour clôturer cette exploration du centre de Bali…. Avant de découvrir enfin la façade maritime dans le prochain chapitre !