Notre rencontre avec le Kiwi, l’oiseau emblème de la Nouvelle-Zélande

Avec la participation de nos jeunes reporters naturalistes Noémie et Romain

14 février 2020.

Dans notre voyage à la découverte des animaux emblématiques de chaque pays, il était inconcevable de ne pas tenter d’observer le Kiwi, oiseau emblématique de la Nouvelle-Zélande. Même les habitants se surnomment eux-mêmes les « Kiwis » ! C’est dire l’importance que revêt cet oiseau pour les néo-zélandais.

Mais c’est une gageure…. La plupart des « Kiwis » n’ont jamais vu de Kiwi… L’oiseau est exclusivement nocturne et farouche. L’entendre est plus commun. Son cri? « Ki – Wiii », bien sûr…

Kiwi mâle, à Kerikeri

Dès le premier jour, nous étudions le kiwi sur notre livre Birds of New Zealand.

Ils n’existent pas que dans les livres… Dans le parc national d’Arthur Pass où nous commençons notre périple, le grand Kiwi tacheté est présent dans les forêts d’altitude… Ce panneau nous fait rêver…

Nous l’entendrons un soir crier. Un bon début!

Vous saurez tout sur les Kiwis !

Cet animal est très populaire. Il suffit de regarder cette photo d’un jeune kiwi pour comprendre les raisons ! « So cute« …

Crédit photo : DOC (Department of Conservation)

Il est inexact de parler « du Kiwi » car il y a cinq espèces de kiwis : en anglais et français :

  • North Island Brown Kiwi / Kiwi de Mantell : assez commun dans l’Ile du Nord
  • Little Spotted Kiwi / Kiwi d’Owen : Petit, rare, dans des îles sanctuaires libres prédateurs
  • Great Spotted Kiwi / Kiwi austral : le plus grand, dans l’Ile du Sud
  • Rowi / Kiwi d’Okarito : le plus rare
  • Tokoeka / Kiwi roa : dans les fjords inaccessibles du Southland

Voici la carte de répartition des espèces de kiwi. La légende est fonction de la couleur du mini kiwi en icône des photos ci-dessus. Le plus rares sont : le Rowi et le Tokoeka, dans l’île du Sud.

Les kiwis sont endémiques, cela veut dire qu’ils sont présents seulement en Nouvelle-Zélande. Ce sont des oiseaux nocturnes, incapables de voler, proches parents des autruches ou des émeus que nous vous avons déjà présentés !

Ils ont des caractéristiques proches des mammifères. Ce sont des oiseaux très spéciaux : leur moelle osseuse est remplie, c’est pour cela qu’il ne peut pas voler !

Les kiwis ont des plumes qui ressemblent à des poils !

La longévité du kiwi est de 30 à 35 ans.

Les kiwis sont les seuls oiseaux qui aient les narines au bout du bec ! Cela leur permet de repérer à l’odeur des petits invertébrés sous le feuillage ou de repérer des baies. Leur bec possède également des capteurs pour repérer les mouvements.

Ils possèdent également de nombreuses vibrisses à la base du bec et au-dessus des yeux, ce qui lui confère un sens tactile développé la nuit. Quel arsenal pour se nourrir de nuit !

Ils se servent aussi de leurs pattes puissantes pour creuser les terriers ou chercher à manger.

Nous présenterons son cycle reproducteur et ses prédateurs dans le prochain paragraphe car on en parle beaucoup au cours de la visite :

Notre visite du centre de conservation des kiwis de Franz Joseph.

Le centre WildLife West Coast présente aux touristes à travers une exposition les différentes espèces de kiwis ainsi que leur action en faveur de la préservation des rares Rowi et Tokoeka)

La visite commence par un secteur sombre où il est possible d’observer de jeunes kiwis vivants qui grandissent ici avant d’être relâchés. Nous en avons vu un. Hélas les photos sont interdites, de toutes façons c’était trop sombre… Voilà à quoi il ressemblait…

(c) Kiwibird, Queenstown

Il se déplace discrètement dans les coins de son enclos. Une sonorisation reproduit les chants des oiseaux forestiers. Il fait nuit dans la pièce car sinon en journée, les visiteurs les verraient toujours dormir. Leur cycle quotidien a été inversé !

Des oiseaux très menacés

Nous apprenons que les Kiwis sont très menacés. Pourquoi?

La Nouvelle-Zélande est le pays des oiseaux ! Avant l’introduction de mammifères prédateurs par les hommes, l’île n’avait aucun mammifère terrestre !

Depuis, chats, chiens, rats, opossums, furets et surtout hermines sont autant de prédateurs pour les oeufs et les bébés kiwis.

L’hermine a été importée au début pour contrôler les populations de … lapins introduits dans les années 1880. En forêt, c’est le principal prédateur.

La population du Kiwi Rowi n’est que de 450 oiseaux à l’état sauvage, dans le sanctuaire entre Okarito et Franz Joseph.

Aujourd’hui, en milieu naturel, seuls 50 % des oeufs du Kiwi Rowi donnent un poussin, et seuls 5% des poussins arrivent jusqu’à l’âge adulte.

C’est pourquoi ce centre intervient pour sauver les Kiwis d’Okarito de l’extinction certaine.

La visite privée commence.

Avant, il faut protéger ses pieds des insectes, bactéries ou parasites qui auraient pu s’y coller.

Nous y apprenons donc comment le centre protège les Rowis à travers le programme de nom de code « BNZ ONE ».

Des scientifiques du DOC prélèvent des oeufs des nids des kiwis lors de l’incubation. De nombreux oiseaux ont des émetteurs, c’est ainsi qu’ils localisent les nids, impossibles à trouver sinon ! La méthode est la suivante : si le kiwi est en mouvement toute la nuit (8h), le kiwi est à la recherche de nourriture, sinon, c’est qu’il est en train de pondre (2h de mouvement maximum)…

S’ensuit une incubation en laboratoire, c’est à dire dans des « incubateurs ». C’est comme un four qui ne chauffe pas trop fort : 35,5°C. Cela dure 80 jours : c’est la durée record pour un oiseau !

Voici les incubateurs.

La scientifique nous montre des peluches ayant le poids réel des kiwis : ils sont très lourds pour leur taille !

Nous avons le droit de toucher un oeuf vide mais attention c’est très fragile !

Maquette devant la chambre d’incubation.

Le moment le plus attendu est l’observation d’un bébé kiwi ! La lumière rouge ne l’éblouit pas.

Après quelques mois, les kiwis quittent le centre d’éclosion pour aller à l‘écosanctuaire d’Orokonui, dans les environs de Dunedin. Nous le visiterons cinq jours plus tard.

panneau explicatif à l’écosanctuaire

Les kiwis sont libres à l’intérieur d’une enceinte électrique, dans une forêt dépourvue de « la peste animale ». C’est ainsi que les néo-zélandais surnomment les prédateurs et insectes introduits (« pest free« ). On appelle ces enclos des « crêches ».

Un vrai bunker !

A l’issue de leur première année, les kiwis, pesant plus de 1 kg, sont désormais trop gros pour l’hermine et assez forts pour se défendre contre d’autres prédateurs. Ils sont relâchés dans la forêt d’Okarito, sur la côte ouest.

A la rencontre du Kiwi d’Okarito dans son milieu naturel…

A Okarito (voir le précédent article), impossible d’ignorer la présence du kiwi.

Il n’est pas difficile de savoir où il habite…

Voici la forêt des kiwis…

La forêt aux Rowis https://www.doc.govt.nz/map/index.html

Mais l’observer par soi-même est bien plus difficile. Afin de ne pas le déranger, et en soutien financier au projet de conservation que nous avons découvert, il est recommandé de prendre les services d’un guide.

Ian et son équipe suivent les kiwis depuis des années. Ils ont monté l’agence Okarito Kiwi Tours pour partager leur passion des kiwis et financer leurs actions scientifiques, en partenariat avec le DOC. Nous les avions contactés il y a près d’un an !

http://okaritokiwitours.co.nz/

Malheureusement, les enfants n’ont pu s’inscrire à cette sortie. La quête nocturne du kiwi peut être longue et demande une immobilité complète. Il faut parfois attendre durant des heures, sous la pluie, attaqué en permanence par des centaines de moustiques…

J’étais donc seul, ce soir-là, vers 19h45…

En petit groupe de 6 personnes avec notre guide Fiona, la mission n’exigeait qu’une seule chose : chance et… patience : Voici les conseil reçus la veille…

« For your Kiwi Tour you must bring: « 

  • Patience
  • Good Attitudes
  • The ability to walk 4km
  • Warm Quiet Clothes – no waterproofs, down jackets, goretexor anything that is noisy
  • Patience
  • Insect Repellent
  • and some ….. Patience

Autrement dit, pour les enfants, même habitués à marcher dans la jungle pour chercher le tigre, cela aurait pu être difficile… La quête se termine parfois à 1h du matin.

Regrets, car ce soir-là, nous avons localisé à l’émetteur un kiwi endormi assez proche de la route. Et tout s’est déroulé comme un conte de fée !

Ian Cooper (c) kiwi tours

A 21h30, le kiwi localisé par Fiona s’est réveillé et par chance, il a traversé la route devant nous au bout après nos 30 premières minutes de station debout immobiles. Largement accessible pour les enfants… Oui, mais malgré les masques moustiquaires, les moustiques par centaines autour de nous étaient déjà assez pénibles…

« Notre » kiwi a longé le talus, puis a traversé la route. Alignés et disciplinés, nous l’avons ensuite vu se nourrir quelques instants sur l’accotement avant qu’il disparaisse…

Pas de photos autorisées dans cette pénombre. Il ne faudrait pas éblouir ce pauvre kiwi avec un flash ! En outre, la philosophie de l’agence, respectueuse des principes de l’écotourisme est simple : déranger le moins possible les oiseaux.

Voici, de jour, à quoi ressemble les bords de route lors de notre rencontre nocturne…

Peu de néo-zélandais ont eu cette chance de voir l’oiseau emblème de leur pays. Je mesure ma chance. Sans nul doute l’un des moments les plus forts de ce voyage – même s’il aurait été encore plus intense de le partager en famille !

A bientôt !

Pour plus d’informations :
kiwisforkiwi.org

10 réponses sur “Notre rencontre avec le Kiwi, l’oiseau emblème de la Nouvelle-Zélande”

  1. Comme tu dois être heureux Olivier ! Mais tu as aussitôt pu partager ce moment avec les tiens, et tu nous le fais partager maintenant. Merci beaucoup ! Quel cri…
    Je comprends mieux maintenant, après un si beau reportage, que Noémie porte cet emblème sur elle (clin d’oeil !).
    Je vous embrasse, Géraldine

  2. Quel beau reportage!! Passionnant et qui nous permet d’apprendre plein de choses sur le kiwi. Je vais le conseiller à mes élèves ce matin. Merci de nous faire partager tout cela.

  3. Après avoir vu le reportage allemand : embarquement pour un voyage inédit vers la Nlle Zélande et un documentaire le soir tjs sur Arte nous complétons par votre reportage un peu plus de connaissances.
    Impressionnant ces kiwis qui dorment dans des terriers et sortent à la nuit tombée comme nos hérissons😉
    Savoir qu ils pondent le + gros oeuf jusqu’à 500g soit 7X+ que la poule et que pour le mener à terme ils mettent parfois 10 jours par de gros efforts…😰
    Et cette phrase retenue : Ici l homme doit se faire tt petit pour que la diversité des espèces perdure c est un long chemin de connaissance et c est savoir s intégrer à l environnement et s interdire certains lieux. Ceci n’est il pas formidable…
    Que d endroits qui devraient être tenus aussi respectueux partout dans le monde !
    Gros bisous à vs 4👤👥😺

    1. merci! portez vous bien.
      De la chance oui car rare sont les heureux témoins de l’activité nocturne de ce drôle d’oiseau…

  4. Merci pour votre article qui est très intéressant et que nous avons pris grand plaisir à lire.
    Elliot : « j’aimerais bien rencontrer un kiwi moi aussi mais pas les moustiques, surtout qu’ils m’adorent ! »
    gros bisous à vous.

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