Les Oiseaux de Lanzarote

Repartir en voyage deux ans après l’interruption du périple des obsrêveurs autour du monde, c’est comme retrouver des habitudes là où on les avait laissées… Même valises, mêmes habits fétiches du moins pour les adultes (l’aînée ayant pris 20 cm notamment), mêmes envies de grands espaces et de découverte de cultures nouvelles et de faune insolite…

Le choix d’une île hispanophone fait inconsciemment écho à ce continent latino américain que nous n’avions pas pu découvrir à la fin de notre voyage de 2020…

Les paysages arides et volcaniques de l’île de Lanzarote semblent sans vie au premier abord. De maigres plantes grasses et autres plantes xérophiles (qui aiment la sécheresse) cherchent à survivre aux conditions difficiles : vent, soleil permanent, pluies rares voire quasi absentes selon les endroits. Il n’y presque pas d’arbres à part quelques palmiers sur les hauteurs d’Haría, des figuiers cultivés ici ou là…

Malpais de la Corona. Le « mauvais pays », inculte…sauf pour l’homme ingénieux

Quelques espèces y ont néanmoins élu domicile en s’adaptant à ces conditions. Certaines sont endémiques des îles de l’Atlantique.

Villages et plantations

Ironie de la toponymie, nous nous installons au pied du volcan Corona, près du village d’harda. Mais ici en cette fin avril 2022, grâce à très fort taux de vaccination, l’insouciance face à la pandémie a enfin gagné les habitants.

Voici notre improbable « casa rural » au pied du volcan… et au milieu des maigres cultures gagnées sur la lave.

Aux alentours de notre gîte rural, le Pipit de Berthelot est l’oiseau le plus abondant. Son cri se fait entendre un peu partout.

Plus difficile à voir, la Fauvette à lunettes se cache dans les buissons. Celle-ci a été surprise au village de Maguez en plein nourrissage. Elle récoltait des chenilles sous un figuier pour les apporter dans son nid au cœur d’un buisson.

Plus discrète, surtout repérée à son cri, la Perdrix gambra est ici un gibier. Cela n’en reste pas un bel oiseau!

Dans les villages et sites touristiques, mais aussi dans les grottes de lave, nous trouvons le Moineau espagnol. Il diffère du moineau domestique par son cri mais surtout sa calotte entièrement brune et sa gorge fortement striée de noir.

Jable de Teguise et Famara

Dans les plaines arides, une seule espèce d’Alouette a élu domicile. Il s’agit de l’Alouette pispolette, aussi présente en Espagne, en Afrique du Nord et au Proche Orient.

Son chant flûté, assez voisin de celui de l’Alouette des champs européenne, retentit au petit matin dans la Jable, vaste plaine agricole semi-désertique entre Tao, Famara et Teguise.

Plus discret, le Roselin githagine est de la famille des fringilles. Il se nourrit de graines diverses. Son bec orange est remarquable !

Roselin githagine

Sur les buissons, on trouve aussi assez couramment la Pie-grièche méridionale. C’est une sous-espèce propre aux Canaries qui réside ici : Lanius excubitor koenigi.

Mais l’espèce la plus recherchée de l’île par les ornithologues de passage est surement l’Outarde houbara. Cette grand outarde est assez commune mais sa découverte n’est pas toujours aisé tant son mimétisme est excellent. Que ce soit dans les prairies herbacées…

ou dans les plaines rocailleuses…

Son cou bordé élégamment de noir se confond avec les rochers volcaniques et leurs ombres… Il n’a pas été simple de la trouver!

Plus discret encore, on peut entendre le cri de l’Oedicnème criard. Il ne se sera pas montré cette fois-ci. Ces paysages constituent pour lui un paradis.

Je rêvais de voir le mythique Courvite isabelle mais hélas malgré 6 kilomètres dans les steppes au nord de Playa banca, je n’aurai pas pu prendre de cliché aussi splendide que celui-ci que Stephen Burch aura bien voulu me prêter. Je le remercie pour son blog inspirant.

Courvite isabelle – Cream-colored Courser (c) S. Burch.

Rapaces

5 espèces de rapaces sont nicheuses sur l’île. Les autres espèces observées ne sont que de passage sur la route migratoire qui les mène d’Afrique occidentale à l’Europe : Milans, Busards….

Le plus commun est l’omniprésent Faucon crécerelle Falco tinnunculus dacotiae. Il chasse insectes, rongeurs et lézards.

A deux reprises, nous avons observé le Vautour percnoptère Neophron percnopterus majorensis dont quelques couples nichent sur les falaises. Voici un juvénile présent aux abords d’une décharge agricole.

Sur les falaises est aussi présent le Faucon de Barbarie Falco peregrinus barbarensis. Ce dernier nous a survolé au Mirador del Rio.

On trouve aussi en fin de saison le Faucon d’éléonore sur les îles de la réserve de Chinijo. Enfin, dans le nord de l’île, le Balbuzard pêcheur a élu domicile sur les îlots et pitons rocheux. Nous l’avons observé brièvement avec un poisson dans les serres au dessus d’Orzola mais il n’y aura pas de photo !

Lagunes

Il n’y a pas de lac sur Lanzarote… Le seul bassin artificiel est celui du Golf de Tias mais il était à sec.

Pour observer les oiseaux des milieux aquatiques, il faut se résigner à fréquenter les salines de Janubio, sur la côte sud-ouest de l’île…

Echasses blanches
Tadornes casarcas nicheurs

Voici quelques limicoles migrateurs qui font halte sur les vasières du Port de la ville principale, Arrecife.

Tournepierre à collier
Courlis corlieu
Bécasseaux variables
Gravelot à collier interrompu

Une importante colonie de Hérons gardeboeufs a élu domicile à proximité.

Les golfs sont par contre les seuls endroit où on trouve de la pelouse. Ces milieux sont familiers aux oiseaux migrateurs qui remontent vers l’Europe et ils y trouvent vers et insectes dans la terre … Un terre apportée par bateau qui permet à l’herbe de pousser grâce à un arrosage à l’eau douce issue des usines de désalinisation… Une belle aberration écologique de plus !

Bergeronnette printanière (M. flava thunbergi)
Huppes fasciées

Quelques hirondelles épuisées par le vent fort se terrent au sol.

Hirondelle rustique
Hirondelle de rivage

Sur les côtes, seules deux espèces sont régulièrement visibles au large. Le Puffin cendré, aux allures de petit albatros;

Puffin cendré

…et le Goéland leucophée, version méditerranéen de notre Goéland argenté breton auxquel il était jadis associé par les scientifiques.

Voici une magnifique brochure -en français- éditée pour le compte de la réserve de biosphère sur les espèces pour aller plus loin… et donner envie de découvrir cette réserve de biosphère de l’Atlantique ?

A bientôt pour un rattrapage en deux derniers articles rafraichissant sur l’Islande (2018) avant la suite des aventures à Lanzarote !

Notre rencontre avec le Kiwi, l’oiseau emblème de la Nouvelle-Zélande

Avec la participation de nos jeunes reporters naturalistes Noémie et Romain

14 février 2020.

Dans notre voyage à la découverte des animaux emblématiques de chaque pays, il était inconcevable de ne pas tenter d’observer le Kiwi, oiseau emblématique de la Nouvelle-Zélande. Même les habitants se surnomment eux-mêmes les « Kiwis » ! C’est dire l’importance que revêt cet oiseau pour les néo-zélandais.

Mais c’est une gageure…. La plupart des « Kiwis » n’ont jamais vu de Kiwi… L’oiseau est exclusivement nocturne et farouche. L’entendre est plus commun. Son cri? « Ki – Wiii », bien sûr…

Kiwi mâle, à Kerikeri

Dès le premier jour, nous étudions le kiwi sur notre livre Birds of New Zealand.

Ils n’existent pas que dans les livres… Dans le parc national d’Arthur Pass où nous commençons notre périple, le grand Kiwi tacheté est présent dans les forêts d’altitude… Ce panneau nous fait rêver…

Nous l’entendrons un soir crier. Un bon début!

Vous saurez tout sur les Kiwis !

Cet animal est très populaire. Il suffit de regarder cette photo d’un jeune kiwi pour comprendre les raisons ! « So cute« …

Crédit photo : DOC (Department of Conservation)

Il est inexact de parler « du Kiwi » car il y a cinq espèces de kiwis : en anglais et français :

  • North Island Brown Kiwi / Kiwi de Mantell : assez commun dans l’Ile du Nord
  • Little Spotted Kiwi / Kiwi d’Owen : Petit, rare, dans des îles sanctuaires libres prédateurs
  • Great Spotted Kiwi / Kiwi austral : le plus grand, dans l’Ile du Sud
  • Rowi / Kiwi d’Okarito : le plus rare
  • Tokoeka / Kiwi roa : dans les fjords inaccessibles du Southland

Voici la carte de répartition des espèces de kiwi. La légende est fonction de la couleur du mini kiwi en icône des photos ci-dessus. Le plus rares sont : le Rowi et le Tokoeka, dans l’île du Sud.

Les kiwis sont endémiques, cela veut dire qu’ils sont présents seulement en Nouvelle-Zélande. Ce sont des oiseaux nocturnes, incapables de voler, proches parents des autruches ou des émeus que nous vous avons déjà présentés !

Ils ont des caractéristiques proches des mammifères. Ce sont des oiseaux très spéciaux : leur moelle osseuse est remplie, c’est pour cela qu’il ne peut pas voler !

Les kiwis ont des plumes qui ressemblent à des poils !

La longévité du kiwi est de 30 à 35 ans.

Les kiwis sont les seuls oiseaux qui aient les narines au bout du bec ! Cela leur permet de repérer à l’odeur des petits invertébrés sous le feuillage ou de repérer des baies. Leur bec possède également des capteurs pour repérer les mouvements.

Ils possèdent également de nombreuses vibrisses à la base du bec et au-dessus des yeux, ce qui lui confère un sens tactile développé la nuit. Quel arsenal pour se nourrir de nuit !

Ils se servent aussi de leurs pattes puissantes pour creuser les terriers ou chercher à manger.

Nous présenterons son cycle reproducteur et ses prédateurs dans le prochain paragraphe car on en parle beaucoup au cours de la visite :

Notre visite du centre de conservation des kiwis de Franz Joseph.

Le centre WildLife West Coast présente aux touristes à travers une exposition les différentes espèces de kiwis ainsi que leur action en faveur de la préservation des rares Rowi et Tokoeka)

La visite commence par un secteur sombre où il est possible d’observer de jeunes kiwis vivants qui grandissent ici avant d’être relâchés. Nous en avons vu un. Hélas les photos sont interdites, de toutes façons c’était trop sombre… Voilà à quoi il ressemblait…

(c) Kiwibird, Queenstown

Il se déplace discrètement dans les coins de son enclos. Une sonorisation reproduit les chants des oiseaux forestiers. Il fait nuit dans la pièce car sinon en journée, les visiteurs les verraient toujours dormir. Leur cycle quotidien a été inversé !

Continuer la lecture de « Notre rencontre avec le Kiwi, l’oiseau emblème de la Nouvelle-Zélande »

Fraser’s hill, Malaysia : la mecque de l’ornithologie

Trois jours d’ornithologie et de détente en forêt équatoriale d’altitude

Selamat Datang ! Bienvenue en Malaisie !

A peine arrivés à l’aéroport KLIA (Kuala Lumpur Intern. Airport), nous dormons dans une petite guesthouse et par chance, on nous propose à un tarif correct de nous emmener jusqu’au sommet de Fraser Hill, notre objectif pour cette « escale » de Noël en Malaisie.

Notre chauffeur de taxi, Azlan, déborde d’attentions et nous laisse aller au restaurant, faire nos courses pour les 3 jours prévus dans la foret équatoriale, dans la coquette mais très isolée station de plein air de Fraser’s Hill.

La route est sinueuse comme rarement nous en avons connu. Les coeurs sont mis à rude épreuve. La fin du parcours est une route étroite, surnommée snake road…, en pleine forêt équatoriale.

Bukit Fraser, la colline de Bukit, est un lieu de villégiature prisé surprenant. Très isolé, bien qu’à seulement 100 km de la capitale, le site est un ensemble d’hôtels, de résidences de villégiatures et de cottages très « british », perdus au sommet d’une colline, en pleine dorsale montagneuse équatoriale de la Malaisie. Très humide en saison des pluies, le site était néanmoins très fréquenté par des familles essentiellement, en quête d’air pur, loin des villes.


Le centre du village arbore une belle horloge.

La mosquée rappelle que nous sommes en pays à majorité musulmane. Entendre l’appel à la prière en pleine jungle est aussi déroutant !

Cette localité a la faveur des ornithlogues du monde entier pour son accessibibilté et son charme britannique…

Les premières pluies tropicales arrivent le soir-même, amenant humidité et brouillard.

Notre logis… très humide

Au petit matin, nous nous essayons au trail en pleine jungle le plus proche de notre appartement.

Chaussettes hautes, pantalon et manches longues sont de sortie. Le chemin est glissant, mais le style est là !

Le couvert végétal est très dense et nous ne voyons presque pas d’oiseaux. Des cris de singes gibbons résonnent au loin.

Nous observerons en revanche plusieurs Semnopithèques obscurs. Ce primate ne se rencontre que dans les forêts des péninsules malaises et indochinoises.

Les animaux que nous n’aurions pas aimé voir, ce sont les sangsues qui m’ont rappelé qu’il fallait mettre des chaussettes en laine épaisse et pas une paire synthétique achetée au Décathlon de New Delhi… Car elles sucent au travers !

Ames sensibles, nous avons caché le sang car la sangsue retirée un peu vite provoque une hémorragie…

Le lendemain, nous prenons rendez-vous avec un ornithologue local pour nous accompagner. Son expérience est précieuse pour repérer les oiseaux par leurs cris.

Mésange sultane (Sultane Tit)
Verdin de Hardwicke
Souimanga sombre (Black-throated Sunbird)
Grand Arachnothère (Spider hunt)- friand d’araignées mais aussi de nectar.
Dice à gorge feu (Fire-breasted Flowerpecker)
Garrulaxe mitré  (Chestnut capped Laughingtrush)
Rufous-bellied Swallow Cecropis badia

Mais celui que nous cherchons plus particulièrement est le Trogon à tête rouge. Cette famille d’oiseaux nous fascine depuis notre quête du Quetzal en 2017 au Costa Rica et nous avions été déçus de ne pas avoir observé son unique représentant sud africain, le Trognon narina…

Grâce au guide qui repère son chant, les enfants observent et même photographient leur Graal! La patience est récompensée.

Aux aguets devant le Trogon
Trogon à tête rouge (Red-headed Trogon)

L’excitation est à son comble!

Nous rencontrons ensuite un groupe de photographes de Singapour qui passent une journée d’observation avec un autre guide. Leur méthode est très efficace et quelque peu…discutable. Ils passent en boucle un enregistrement des chants des petits oiseaux forestiers toujours cachés et disposent des vers pour les apater… La définition même de la chasse photographique!

Nous en « profitons » le temps d’une pause dans notre circuit, car c’est une activité très statique. Mais terriblement efficace! Résumé en images…

White-tailed Robin

Sur la même souche… Deux gobemouches très « cute« 

Rufous-browed Flycatcher

Voici le petit peuple des sous bois humides et des mousses ombragées…

Pygmy Cupwing – Pnoepyga pusilla
Streaked Wren-Babbler – Turdinus brevicaudatus
Buff-breasted Babbler

Et l’ambiance des photographes… au bord de la route ! Pas ce que l’on préfère mais quels fascinants petits passereaux qu’on ne verrait jamais sans cela…

Après 4h de traque active ou statique, les enfants s’essaient à une partie de tir à l’arc à 10 mètres. Pas commun en pleine jungle. C’est le contraste de Fraser Hill !

Sur le chemin du retour, nous observons le Grand gobemouche bleu. Une perle de la nature à nouveau !

Grand gobemouche (Large Niltava)

Les enfants concluent cette journée « parfaite » sous le soleil pour ne rien gâcher…

Un message à méditer par tous nos dirigeants…

Et en prenant conscience de la richesse de ces forêts comme ce jour-là, le drame de la déforestation dont nous sommes témoins prend toute sa gravité.

Nous voyons beaucoup d’exemples en Malaisie, l’un des pays les plus tristement déforestés. L’urbanisation est galopante et l’exploitation pour le bois et les coupes pour planter les palmiers sont autant de menaces sans retour pour la faune des sous-bois.

Coupe de bois tropicaux

Il reste encore quelques oasis. Protégeons les à tout prix en les visitant et en refusant le bois tropical ou l’huile de palme !

Fraser Hill.

Mes aventures dans la jungle de Khao Yai en Thaïlande.

Par notre reporter Romain

Nous arrivons au parc national de Khao Yai. Nous partons à la recherche de calaos, de gibbons et d’éléphants. Nous enfilons des grandes chaussettes pour nous protéger des sangsues.

Avant d’entrer dans la jungle, nous admirons le paysage.

Et au détour du chemin… deux calaos bicornes !

Au parking des gardes, il y a des lézards bizarres…

Avant le déjeuner, nous entrons dans la jungle à la recherche des gibbons. Deux espèces habitent cette forêt.

Le chemin est glissant!

Notre guide Tina entend des cris !

Ca y est! Nous avons repéré une famille de Gibbons à mains blanches!

Il y avait un bébé accroché à sa maman.

On voit bien les mains blanches de la maman.
A travers la lunette de la guide

Quel acrobate! On dirait un homme!

J’ai vu aussi un macaque qui est très commun.

Macaque à queue de cochon du Nord

Sur ce chemin nous rencontrons ce gros scorpion !

Nous arrivons près d’une cascade.

Dans la forêt, il y a des serpents mortels! Brrr…

Cette araignée est inoffensive. Ouf !

En fin de journée nous descendons cent marches vers une grande cascade.

Sur la route du retour je vois mon premier porc-épic en liberté!

A l’heure du dîner nous mangeons des nouilles au soja, poulet, noix de cajou et carottes.

Lorsque nous faisons école le lendemain, nous sommes dérangés…

… par un serpent qui capture un lézard dans l’arbre au dessus de nous! Finalement le lézard tombera de sa mâchoire…

Merci de suivre mes aventures! A bientôt!

Bardia ou la quête du tigre

Acte II

Le tigre au Népal

Cette route épuisante vers le Népal, plutôt qu’un avion direct Katmandou, avait pour objectif d’entrer au Népal par l’ouest, où subsistent de vastes espaces naturels vierges. La jungle à livre ouvert comme dans les ouvrages de Rudyard Kipling, habitat d’une population florissante – et croissante – de Tigre du Bengale. Les efforts de conservation du pays pour le félin roi d’Asie ont payé. En 2019, le WWF a communiqué sur l’accroissement de la population de tigres sur le territoire.

Trois parcs accueillent le félin : les plaines herbacées du Shuklaphanta, le tout récent parc national de Banke, encore marginalement ouvert au tourisme, et le parc national de Bardia. L’éloignement à la capitale de ce dernier lui confère une fréquentation bien plus faible que son cousin, le parc national de Chitwan, que nous avions brièvement visité en 2018 sans les enfants.

Le parc national de Bardia offre deux expériences uniques : celle d’effectuer des safaris à pied, avec des guides expérimentés, à la recherche du tigre et des autres animaux, mais aussi celle de naviguer sur la rivière à la recherche des rares Dauphins du Gange, une espèce d’eau douce extrêmement rare et menacée.

Le Tigre du Bengale Panthera tigris est également menacé. Plus que 3900 individus subsistent en liberté dans le sous-continent indien (WWF, 2016). Trois sous-espèces de Tigres ont déjà disparu dans les années 1950 : le tigre de Java, de Bali et de la Caspienne. Trois autres sont en sursis. A la fin du 19ème siècle, quelque 100 000 tigres parcouraient les forêts d’Asie.

D’autres infos et enjeux sur : https://www.wwf.fr/especes-prioritaires/tigre

A l’occasion de la journée nationale de la Protection de la nature en 2018, le Népal a annoncé qu’il compte désormais une population de tigres estimée à 235 individus, soit près du double des 121 individus recensés en 2009. Nous souhaitons participer à cet effort en valorisant le travail des parcs nationaux népalais… et en se donnant la chance d’observer le félin et de donner l’envie à d’autres de tenter leur chance et de soutenir l’écotourisme responsable dans les 3 parcs népalais des jungles du Teraï.

Pas moins de 87 tigres fréquentent le parc national de Bardia, sur 987 km2. Le territoire d’un mâle est de l’ordre de 45 km2. Le mâle parcourt son territoire la journée, évinçant les concurrents et veillant sur ses femelles… Cette concentration impressionnante nous donne bon espoir d’en apercevoir, mais la rencontre reste très aléatoire.

Voir un tigre sauvage reste rare. Un proverbe chinois dit que “quand tu vois un tigre, il t’a déjà vu 1000 fois”…

Pour cette quête, nous nous attachons les services de Hukum. C’est le guide le plus expérimenté du parc. 29 ans bientôt qu’il arpente les hautes herbes et les rives de le rivière Girwa. J’ai découvert son parcours en lisant cet excellent livre. Un français tombé en amour devant le félin, et qui a installé un hôtel près du parc, non loin du « Jungle Base Camp » où nous résidons.

A lire d’urgence!
https://www.amazon.com/qu%C3%AAte-du-tigre-French/dp/1326043862

La marche dans la jungle

Après un jour de repos pour se remettre du voyage et de ventres bien malades, nous nous levons à 6h, buvons un thé sucré (le plus réconfortant que nous ayons bu) et une omelette et partons en direction de la forêt.

1500 m nous séparent de l’entrée du parc. Les villageois vaquent aux travaux des champs avant la fête des lumières, prévue dans 2 jours.

Voir le Tigre, oui, mais pas d’aussi près si possible!

Dès le début, nous entrons dans le vif du sujet. Des crottes de tigre fraîches… Il est passé par là cette nuit et a marqué son territoire.

A peine plus loin, l’odeur d’urine est bien présente et n’échappe à pas au nez expert de notre guide.

La première partie du trek traverse de grandes plaines d’herbes à éléphants, qu’on pourrait aussi appeler ‘herbe à tigres’… Après tous les signes relevés dès les premiers kilomètres ce matin-là, la tension est à son comble.

Plus loin, des cris de cerfs chital signalent la présence d’un fauve dans les hautes herbes… Comme en Inde. Hélas après la mousson, les herbes sont trop hautes.

Un groupe de cerfs axis. Le petit déjeuner du tigre.

La deuxième partie est plus forestière. Là encore, le tigre a marqué son territoire. Des griffes au sol.

La marche a lieu dans le plus grand silence. Nous suivons le rythme à grands pas, ruisselants. La jungle est calme. Tellement peu d’oiseaux, par exemple, par rapport aux mêmes milieux, il y a un an au printemps, en avril.

Des Entelles nous observent. Mais aucune n’alarme.

Après 6 km, nous arrivons au bord de la rivière. Une tour d’observation nous accueille pour les heures chaudes.

L’ombre y est cependant rare. Les vues sur la rivière sont de petites fenêtres entre le feuillage.

Le tigre y est observé régulièrement. Mais jamais tous les jours… La patience est le meilleur atout, parole de guide.

Une heure. Deux heures. Il fait très chaud. Et encore c’est l’hiver. De belles observations de vanneaux, barbus ou papillons peinent à masquer ce mélange d’impatience et d’excitation.

River Lapwing – Vanneau pie, une espèce menacée selon l’UICN
Barbu
Photo de Romain durant l’attente…

Nous vivons l’instant à 100%. Les crayons sont de sortie.

Nous sortons le pique-nique (pomme de terre, chapatis, oeuf) préparé par la femme de Hukum.

Mais soudain, le guide crie : « Hey , Tiger over there… ». Il est 11h30.

Après, tout est question de secondes. Je me précipite, attrape le téléobjectif et mes jumelles. Un coup d’oeil, le Tigre est là, traversant la rivière. Ou plutôt, finissant de la traverser. Il est très loin. Deux secondes. Je tends les jumelles qui tombent par terre. Clic clic clic. Trois photos. Le tigre est parti.

Photo brute. Un fantôme passe au loin

L’observation n’aura que duré 5 secondes. La plupart des autres personnes n’ont hélas pas eu le temps de l’observer.

Cette photo, retouchée, est comme un trophée. Jadis, les chasseurs venaient exercer leur fusil et ramenaient une peau ou une tête. Nous sommes fiers de ramener une photo. Même lointaine.

Nous attendons encore 2h en sus. Tout le monde espère le revoir. Ou une autre femelle se déplaçant sur le territoire. En vain.

Dernière vision

Nous poursuivons vers une autre tour, la chaleur du midi.

Le paysage est ouvert et à chaque instant, on se prend à rêver de voir une silhouette orangée et rayée sortir à pas lents…

Hukum à l’affut

Nous entamons le retour et c’est encore une aventure. Nous longeons la rivière pour espérer surprendre des Rhinocéros unicornes ou un autre tigre.

La rivière Gwaria

C’est l’occasion, ça et là, d’observer quelques oiseaux.

Pygargue à tête grise
Ibis noir

Puis nous nous enfonçons dans les hautes herbes pour un raccourci vers le retour. Nous sommes dans la peau du tigre. Mais n’espérons pas le voir en face à face.

Dernières lueurs
Le guide inscrit « Tigre » sur le relevé des observations…

Nous rentrons épuisés de ces 14 km de marche… avec une petit frustration tout de même de cette trop brève observation, à laquelle s’ajoute une grosse contrariété : la molette des nos jumelles semble faussée et elles sont hors d’usage. Comme si elles ne s’étaient pas remise d’avoir transmis les rayures du tigre jusqu’à nos yeux…

Deuxième jour, deuxième chance

Départ un peu plus tardif, vers 8h30… On ne lâche rien, et continue à faire corps avec la jungle.

Les singes macaques nous encouragent…

Les Entelles vaquent, insouciantes.

Nous allons cette fois directement à la rivière, à nouveau à travers les hautes herbes, où un autre tigre a été observé la veille.

Au bord de l’eau, nous affûtons le tigre à nouveau pendant de longues heures. Seule présence de taille, un Crocodile indien.

Les éléphants d’Asie sauvages sont également passés par là. Nous apprendrons qu’un troupeau de 40 individus est passé non loin de là il y a deux jours.

Trace d’éléphant d’Asie
Au bord de la rivière.

Nous rentrons bredouilles de cette matinée. Pique-nique dans la tour comme la veille, les yeux rivés sur l’endroit où la silhouette du fauve était passée la veille…

Vers 14h, nous rejoignons à pied un secteur boisé et une jeep vient nous chercher pour 3 h de safari plus reposant… La tension monte à nouveau. Nous voulons tellement le voir de près. Croiser son regard…

Nous croisons le regard de nombreux cerfs axis, un cerf Muntjac.

Cerf Muntjac

Nous surprenons un chacal. également.

Quelques oiseaux, un lézard…

Martin-pêcheur commun

Nous loupons un Rhinocéros au bord de cette rivière, vu par un autre véhicule dix minutes plus tôt…

Mais pas de nouveau tigre. Nous aurons eu notre moment, la veille. Il faut le savourer à sa juste valeur. Certains voyageurs croisés sur les chemins ont marché 4 jours sans voir le fauve…

« This is wildlife » se plait à répéter Hukum lors des journées « sans ». Bientôt 30 ans de safaris et il ne sait jamais de quoi sa journée sera faite. La nature nous offre ici ce qu’elle est : généreuse, sauvage mais surtout imprévisible. Cette expérience restera gravée dans nos mémoires. Pas seulement par ces longues journées en immersion sur le territoire du tigre, mais aussi par les moments forts vécus chez Hukum et sa famille, avec qui nous avons partagé le « nouvel an » népalais, les fêtes de Diwali.

Nous en parlerons dans le prochain article !

L’Inde sauvage : Bharatpur et Ranthambore

ou la Quête du Tigre, Acte I

L’agitation étouffante de Delhi, la foule des allées du Taj Mahal, l’anarchies des routes… Les obsrêveurs ont besoin de nature et de grands espaces… et entament en Inde leur quête du plus grand félin de la planète, leTigre…

Bharatpur

Après notre visite d’Agra, nous partons pour la ville de Bharatpur, peu après avoir franchi la frontière nord-est du Rajasthan.

Nous logeons chez l’habitant au « Jungle Lodge », en fait une petitepension familiale. On s’y sent bien. Nous y faisons la connaissance avec une famille belge qui, comme nous voyage et fait l’école sur la route. Suivez les sur : https://lespetitsbourlingueurs.com !

Les enfants sont contents de sortir leurs playmobils. Hélas nos amis d’un soir partent le lendemain pour le Népal – tout comme nous dix jours plus tard, mais leur planning ne nous permettra pas de les revoir. Nous échangeons des bons plans.

Notre hôte prépare de bons petits plats comme l’aloo paratha (pomme de terre et choux fleurs), les chapatis (galettes plates de farine à l’eau grillées) et nous fait découvrir le « curd » maison (sorte de faisselle).

Le jardin abrite un couple de hiboux petits ducs indiens…

A 500 mètres de notre gîte, se trouve l’un des plus petits parcs nationaux indiens, cependant celui -ci est réputé au niveau international pour la richesse de ses oiseaux : le parc national Keoladeo Ghana. Pas de tigre, mais l’un des meilleurs sites d’Asie pour l’avifaune.

Nous partons le matin vers 7h pour pouvoir les observer.

La visite peut se faire à pied mais il fait 30 degrés, même si l’allée principale est à l’ombre, elle fait 10 km aller retour. Aussi nous optons pour l’ornithologie en Rickshaw !

l’entrée du parc

La première partie traverse une zone de savane sèche.

savane sèche

C’est le refuge de dizaines d’espèces de volatiles dont ces Guêpiers d’Orient aux teintes vertes.

L’Aigle criard est ici dans son fief.

Aigle criard

Plusieurs espèces de coucous s’observent en bord de chemin, comme ce Coucou jacobin.

L’observation la plus marquante en zone sèche sera cette petite Chouette chevêche indiennes à l’entrée de son nid. Enfin, après un périple africain sans rapaces nocturnes, de chouettes observations !

Chevêche brame (Athene brama)

L’exploration se poursuit dans un secteur marécageux, écosystème majoritaire du parc. La mousson a été abondante et les niveaux d’eau sont hauts. En hiver, des milliers de canards occupent les lieux. En octobre, ce sont surtout les échassiers qui sont les plus actifs.

La star est le Tantale indien, en anglais « Cigogne painte » (Painted Stork). Son allure bariolée en fait la star du parc, d’autant qu’elle construit son nid au bord de l’axe principal ou se promènent les touristes, majoritairement indiens.

nid de Tantales

De nombreux autres espèces de cigognes, hérons et espèces proches peuvent être observées.

Spatule blanche
Ibis à tête noire
Aigrette intermédiaire
Jeunes Bec-ouverts asiatiques
l’immense héron Goliath
L’ omniprésent Crabier de Gray (Pond heron)
Bihoreau gris

A la source d’eau principale, près d’une table pique-nique, de petites couleuvres attendent les alevins qui sortent du tuyau, pour le régal des yeux de nos jeunes naturalistes !

Les poissons abondants attirent également les cormorans mais aussi de très nombreux Anhingas d’Asie ou « Oiseau serpent ».

Anhinga au cou de serpent
jeunes anhingas affamés
Cormoran de Vieillot

Malgré l’heure chaude, nous ne savons plus où donner de la tête!

Râles, jacanas et vanneaux occupent les herbes flottantes.

Jacana bronzé
Famille de râles à poitrine blanche
le très commun Vanneau indien

La pause d’impose…

Mais dans les arbres, coucous, perruches, huppes, rolliers, martins-pêcheurs et guêpiers donnent le tournis à nos apprentis photographes…

premier Martin-pêcheur de Smyrne de Romain
Guêpiers à queue d’azur
Notre perruche à collier vient d’Inde

Du haut des tours d’observations proches du temple de Keoladeo, on peut observer une colonie de chauves-souris roussettes. Ce seront les seuls mammifères observés en dehors de quelques ongulés (Cerf axis, Nilgault).

La visite tire à sa fin. Une visite hivernale offrirait un spectacle complètement différent, avec des milliers de canards mais aussi des grues.

Mais notre objectif en Inde et au Népal est d’observer le rare Tigre du Bengale. C’est toujours aléatoire et les safaris coûtent cher. Nous avons choisis deux des meilleurs endroits pour l’observer : le parc national de Ranthambore au Rajasthan et le parc national de Bardia au sud du Népal.

Ranthambore

Ce parc national, ancienne réserve de chasse comme la plupart des espaces protégés du sous-continent indien, est composé de jungles montagneuses.

L’entrée principale

Nous partons vers 6h en camion-jeep pour le secteur 1. Ce n’est pas le meilleur secteur mais le Tigre y est néanmoins présent.

Romain a mis un T-shirt Tigre pour l’occasion

Peu après l’entrée nous sommes accueillis par des singes Entelles.

Etre ou ne pas être…

Le secteur imposé est très boisé. Nous traversons quelques rivières et la chance est avec nous : un Hibou pêcheur indien, le Kétoupa brun veille sur une grosse branche.

face à face avec le Kétoupa brun

Mais à peine dix minutes plus tard, l’impensable se produit : Baghera !

Un Léopard venait de traverser la route et nous le voyons s’éloigner à moins de 20 mètres sur la gauche !

Le léopard partage le terrain de chasse du tigre mais est beaucoup plus difficile à observer. Nous sommes extrêmement chanceux et n’en croyons pas nos yeux!

Il est difficile à photographier tant la jungle est dense. Jamais il ne se retournera mais son pas très lent nous permet de l’observer tout de même durant 6 minutes.

Votre notre meilleure photo, de profil.

C’est encore tremblants de cette rencontre mais confiants que nous poursuivons notre quête du Tigre, même si la journée est déjà gagnée !

Le menu du tigre de Bengale est pourtant servi. De nombreux cerf Sambar et cerf Axis (Chital) habitent les sous-bois.

Sambar
Chitals ou Cerfs axis

Les oiseaux sont assez discrets et le Paon règne en roi.

Nous poursuivons vers un secteur plus humide où le tigre pourrait se baigner, aux heures chaudes, mais l’étang est désert. Cigognes et crocodiles peuplent les rives.

Cigogne épiscopale (Wolly – neck Stork)
Crocodile indien.
Varan du Bengale

Mais de tigre point. En rentrant, nous apprendrons qu’il a été observé sur le secteur 2, avec des jeunes… Hélas les safaris organisés par le gouvernement du Rajasthan (Eaux et forêts) concernent un secteur particulier, nous ne pouvons nous y rendre.

Nous espérons ce secteur pour le lendemain matin lors du tirage aléatoire…

Hélas, ce sera à nouveau le secteur 1, et cette fois nous ne verrons rien. Pourtant, à un moment, singes et cerfs alarmaient de la présence d’un félin. Nous patientons mais les hautes herbes ne laissent rien filtrer… Nous rentrons bredouilles. Des compagnons de jeep, revus plus tard à Pushkar nous apprendrons que sur « notre » secteur 1, ils ont vu le tigre a été vu l’après midi-même…

Le monde sauvage ne se commande pas. La nature n’est pas un zoo… Le Tigre du Bengale garde son mystère et nous retenterons notre chance au Népal…

Rencontre avec les Albatros au large du Cap

Compte-rendu en images d’une sortie inoubliable en mer au large du Cap de bonne espérance, avec l’association Capetown Pelagics. Ces sorties d’observations qui ont lieu chaque week-end à 25 miles au large des côtes (si le temps est clément ), permettent d’observer des espèces d’oiseaux marins qui volent entre Atlantique et Pacifique, là où les eaux des deux océans se mélangent.

Il s’agit d’un secteur presque sans égal pour observer à distance raisonnable des côtes des espèces pélagiques, c’est à dire de haute mer – en compétition avec les excellentes croisières au large de Kaikoura en Nouvlle-Zélande.

Le bénéfice de ces sorties non lucratives finance des actions de conservation dans la région du Cap. Une raison de plus pour les soutenir.

Je les recommande vivement pour les ornithologues bien sûr, mais aussi pour tout amoureux de la nature ayant jamais rêvé de côtoyer les plus grands oiseaux du monde (en envergure). Sujets au mal de mer, bien se renseigner (ou s’abstenir…) car cela secoue beaucoup!…

Cliquez sur les images pour agrandir et apprécier l’envergure de ces géants… Plus d’autres volatiles et mammifères !

NamibRand, une réserve naturelle vertueuse

L’ école du désert Nadeet est située dans la réserve naturelle NambiRand. Cette réserve au sud-est du désert du Namib, jouxtant le parc national de Namib Naukluft a pour missions la protection et la conservation de plusieurs biotopes exceptionnels. Il s’agit d’une réserve non lucrative qui se démarque d’autres réserves privées. Elle couvre une superficie de 172000 ha.

Ce 23 août, nous traversons la réserve en partant des Dunes de Sossusvlei et avons pu constater l’abondance de la faune le long de la route C27 qui la traverse. Nous avons eu le privilège de faire de nombreuses rencontres lors de ce trajet :

zèbres des plaines
Autruches
On a cru à une statue !
Autour chanteur pâle
Courvite à deux bandes
Le renard Otocyon (Bat-eared Fox), mangeur de gecko et de sauterelles qu’il repère avec ses oreilles très développées

A proximité de l’école du désert, le camping NamibRand Family Hideout propose seulement 3 emplacements de campings éco-responsables plutôt haut de gamme, isolés dans les contreforts du désert du Namib. Un paradis que nous ne sommes pas près d’oublier.

L’arrivée au « campsite »

L’emplacement est isolé des autres et dispose d’un point d’eau où s’abreuvent essentiellement des Oryx mais aussi quelques Springboks et, matin et soir, des Gangas namaqua, genre de pigeon du désert.

Oryx au campement
Séance démélage de cheveux devant les Oryx!
Gangas namaqua

L’après-midi, c’est repos. Noémie fait la cuisine. Toasts tomate jambon fromage !

Le premier soir, nous partons explorer les environs durant deux heures jusqu’au crépuscule.

Ambiance très très calme, seuls face au Namib et à ses habitants

Zèbres de Burchell
Springbok pensif
Toutes les traces mènent à l’ombre qui sera promise à midi
Vérification de l’identification d’un moineau de désert

Le lendemain, à 7h, nous partons à pied pour une découverte des dunes et des traces d’animaux dans le sable.

Illusion d’optique! Les dunes sont très petites et grimpées en une minute, mais les sensations sont intactes.

Et le panorama à la hauteur.

Le désert du Namib est célèbre pour son sable orangé foncé, dont l’origine est une leçon de géographie passionnante que nous conte notre guide.

Les roches riches en métaux issues du massif du Drakensberg, entre Lesotho et Afrique du Sud, sont chariées après érosion depuis des millions d’années par le fleuve Orange qui y prend sa source. Traversant l’Afrique du Sud, le fleuve Orange dépasse les roches dans son lit jusqu’à l’océan. Le temps a fait son oeuvre et l’Océan atlantique, dont les flots sont poussés par le courant antarctique du Benguela, dépose à son tour ces sables presque rouges sur la cote namibienne. Les vents d’ouest dominants forment ensuite les dunes que nous avons gravies. 2000 km de voyage pour ces grains de sables dont certains, riches en fers, noirs en surface, s’aimantent sous nos yeux stupéfaits.

Le trajet du sable rouge du Namib

Toute aussi intéressante, l’histoire des traces de pattes éphémères que nous suivons sur les dunes : là, une trace d’un vieil Oryx, dont la queue pendante laisse un sillon;

un vieil oryx est passé par là

Ici, celle d’une alouette des dunes, arrivée en vol puis ayant sautillé; ailleurs celle d’un gecko, petit lézard des terres arides.

Gecko

L’auditoire est conquis et les qualités d’observation des enfants sont félicitées.

Nous encourageons les futurs voyageurs à résider dans cette réserve qui promeut l’écotourisme, nous serions bien restés une semaine entière…

C’était notre dernier article sur la Namibie, à bientôt pour nos pérégrinations dans la région du Cap – que nous avons déjà quitté depuis quelques jours en direction du Lesotho.

De plus amples informations sur la réserve : http://www.namibrand.com et le campiste : https://www.nrfhideout.com

Le centre de conservation des Guépards d’Otjiwarongo

Cheetah Conservation Fund

« Cheetah » signifie guépard en anglais. La Namibie héberge la plus grande population de guépards dans le monde soit environ 3500 individus. Au cours du siècle dernier, le nombre de guépards a diminué d’environ 90% selon les estimations. Cette espèce pourrait s’éteindre d’ici 20 ans. Parmi les causes de cette diminution, la perte de milieux et l’élimination par des fermiers les rendant responsables, souvent à tort, de la perte de leur bétail. En effet, une enquête menée par le gouvernement de Namibie a montré que seuls 3% des pertes de bétail était causées par un guépard.

Nous visitons le centre de conservation, de recherches et d’éducation pour la protection des guépards créé par le Dr. Laurie Marker en 1990. Zoologue et vétérinaire, elle parcourt le monde pour défendre le félin à qui elle consacre sa vie.

La mission du Cheetah Conservation Fund (CCF ) est d’être le centre d’excellence internationalement reconnu dans la conservation des guépards et leurs écosystèmes. 

L’organisme sensibilise les populations locales afin de montrer qu’un partage des terres est possible entre l’homme et l’animal. Ici les guépards sont recueillis car ils ne pourraient pas survivre seuls dans la nature. Nous observons ainsi Darwin et Livingstone, devenus les mascottes du centre. Deux frères guépards recueillis bébés après que leur mère ait été tuée par un fermier. 

Darwin et Livingstone, les frères miraculés

Avec un guide, nous avons pris une jeep pour parcourir l’espace de vie des guépards recueillis par le centre : l’endroit où ils peuvent courir, se reposer, l’endroit où ils peuvent manger. Il y a 36 guépards sur le site. Un autre espace est défini pour ceux qui seront un jour relâchés dans la nature. Le centre en relâche environ 5 par an.

Vers midi, nous assistons au nourrissage des guépards qui a lieu une fois par jour. Le guépard n’aime pas manger une viande salie ou souillée. Dans la nature, il ne se nourrit toujours que de la proie qu’il vient de tuer. C’est pourquoi chaque guépard a ici sa propre gamelle.

Avec Astrid, bénévole francophone, nous découvrons ensuite la clinique  vétérinaire où sont pratiqués les soins pour les guépards et les chiens.

Visite de la clinique vétérinaire
Chiens de berger Anatolie élevés pour garder les troupeaux

En effet, il y a aussi des chiens qui sont élevés ici spécialement pour être vendus à des fermiers afin de protéger leurs troupeaux des guépards. Avec ce principe de dissuasion, et grâce à un programme d’information, les fermiers apprennent à vivre avec les félins. Cette théorie fonctionne. Le centre souhaite éduquer et montrer qu’un partage des terres entre l’homme et le guépard est possible.

D’autres actions du CCF

Des tests génétiques faits dans le laboratoire installé sur place ont montré que les guépards ont une faible diversité génétique par rapport aux autres espèces. Ils sont plus vulnérables face aux changements environnementaux. Face aux menaces pesant sur cette espèce fragile, on mesure le rôle crucial du Cheetah Conservation Fund.

Outre l’éducation des fermiers et la vente de chiens de garde, une autre voie de protection est de travailler avec les acteurs locaux afin de permettre d’ouvrir les savanes. Les guépards ont besoin de grands espaces et d’une densité de buissons épineux faibles. Certains territoires sont défrichés et les buissons sont vendus en bûches dans le CCF.

Nettoyage des buissons épineux

Pour en savoir plus

Pour agir : visiter le centre, faire un don ou parrainer un guépard : https://cheetah.org

Vidéo de présentation :

(c) CCF

Etosha ou l’eden africain

Le parc national d’Etosha fait la fierté de la Namibie. Dans le top 5 des grands parcs africains, il est considéré comme l’une des plus belles réserves naturelles de la planète. Il entoure le vaste Etosha Pan, un immense désert salin plat.

Le désert ou « pan » d’Etosha… Seul endroit où l’on peut sortir de sa voiture.

Nous abordons le parc par son entrée Ouest, nommée Porte Von Lindequist en l’honneur du gouverneur du sud ouest africain allemand au début du XXè siècle.

Un safari à Etosha peut se faire dans sa propre voiture. En saison sèche, comme actuellement, la visite consiste à observer surtout les différents points d’eaux. Les animaux s’y concentrent toute la journée dans un jeu d’allées et venues permanentes.

Ambiance aux points d’eau

Nous débutons par le « dik-dik drive ». Effectivement, les Dik dik, petites antilopes craintives, s’y laissent apercevoir facilement. Elles ont une petite tâche noire au coin de l’œil qui forme une larme. Cela lui donne un air mignon qui attendrit les enfants.

Le Dik dik, le chouchou des enfants

Plus loin, deux voitures attendent et observent au bord de la route. Il y a quelque chose à voir là-bas. Dans les jumelles, un peu au hasard sur la ligne d’horizon, s’affiche le beau et majestueux Guépard. Il se repose sous un arbre. Emotion. Nous avons du mal à le quitter. Nous apprendrons plus tard que le guépard est rare dans le parc du fait de la compétition avec les autres prédateurs.

Fin de sieste pour le Guépard

Dans la même journée, au détour des pistes ou aux points d’eau, nous observons des groupes de springboks, impalas, oryx, koudous, zèbres, gnous, bubales, girafes, éléphants…

Zèbres assoiffés
Oryx, aussi appelés Gemsbok
Bubales roux
le commun Springbok

Mais aussi notre premier Rhinocéros blanc découvert dans une clairière. Nous ne sommes jamais vraiment rassurés quand l’éléphant curieux s’approche très près de la voiture. On reste silencieux, pas de gestes brusques, une envie de filmer ces rencontres pour fixer ces instants dans notre disque dur.

le rare Rhinocéros noir

Les enfants s’échangent appareil photo, caméra et jumelles. Ils se disputent parfois la palme du meilleur découvreur et c’est à qui trouvera en premier le rare spécimen. Nous n’avons pas le droit de sortir de la voiture hormis les coins aménagés. Nous pique-niquons au camping Namutoni.

Mangouste rayée au Camping

En fin de journée, nous arrivons au camping Halali. Le camp est très sec, poussiérieux mais les lueurs du soir invitent à la détente. Nous installons notre camp

Il fait frais le soir car nous sommes en hiver, dans l’hémisphère Sud. Nous nous couvrons et partons admirer le point d’eau non loin de là pour le coucher du soleil.

Il y a des rochers en estrade pour observer. Des spots puissant éclairent le site. Le silence est de mise. Invitation à la méditation.  Les oiseaux viennent boire bruyamment.

Gangas à double bande

Un groupe de zèbres arrive. Ils boivent paisiblement et s’en vont doucement. Nous allions partir quand soudain, notre respiration s’arrête. Sur le chemin au loin, arrive une lionne à la démarche fière et souple. Une deuxième arrive pour boire. Une de nos plus belles rencontres à Etosha dans les dernières lueurs du crépuscule. Romain demande : « Y a quoi ensuite ? ».

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