Voici les photos des espèces observées durant ce voyage de 12 jours
Expédition en famille dans les forêts de montagne et au parc national du Corcovado (février 2017)
Après notre première expérience de voyage en famille dans les frimas des îles norvégiennes des Lofoten, nous voulions partager avec nos enfants la découverte de la faune tropicale qui illustre leurs livres depuis leur plus jeune âge.
C’est donc naturellement que nous choisissons pour ce premier voyage lointain en zone tropicale le Costa Rica. Ce petit pays d’Amérique centrale est en effet réputé pour être un « paradis vert » : la protection de la nature est inscrite dans la constitution et les infrastructures éco-touristiques ont de quoi rassurer les parents pour un premier voyage hors d’Europe avec des enfants de 5 et 8 ans.
Le choix de ce pays est aussi l’occasion de partager le rêve d’observer l’un des oiseaux les plus extraordinaires qui soit : le Quetzal.
Son nom français, « Quetzal resplendissant », est une invitation à elle seule.
De la famille des Trogons, le quetzal ne se rencontre que dans les montagnes d’Amérique centrale, du Mexique méridional au Panama.
Les trogons sont des oiseaux arboricoles tropicaux de la taille d’un pigeon, possédant une longue queue étagée et colorée. Le quetzal est sans conteste le plus majestueux de sa famille, avec son ventre rouge carmin et sa queue vert émeraude bifide de plus de 60cm.
C’est donc enthousiastes et motivés que nous débarquons ce 7 février dans la petite vallée de San Gerardo Dota, au pied du sommet de la Cerro de la Muerte, « Sommet de la Mort », dont le nom est peu engageant… Il y a plusieurs décennies, en l’absence de route, il fallait plusieurs jours pour venir dans ces contrées à pied ou à cheval. Les voyageurs les plus mal préparés y laissaient la vie, transis de froid ou surpris par le brouillard. En effet, la crête culmine à 3450 m et les conditions y sont parfois rudes. Aujourd’hui, une belle route asphaltée, tronçon de la panaméricaine, passe à quelques centaines de mètres de là.
Les brumes se sont dissipées. Après une soirée à observer les colibris se gorger de nectar, nous nous endormons plein d’espoir.
A 5h30, le réveil est plutôt facile à la faveur du décalage horaire… et l’adrénaline fait le reste.
Nous prospectons au bord d’une piste, et attendons une heure dans un secteur riche en avocadillo, la gourmandise favorite du Quetzal. La forêt est animée des chants des oiseaux. Mais rien ne bouge, sinon notre premier Araçari, petit Toucan vivement coloré.
En contrebas, un peu loin, nous repérons enfin un splendide mâle Quetzal. Il sera rejoint par sa dame quelques instants plus tard mais l’observation restera furtive.
Au retour vers le premier secteur, notre patience est récompensée par l’observation d’un autre couple plus proche cette fois. .
Le face à face est intense et les enfants s’émerveillent… Ils s’en souviendront toute leur vie. Nous espérons que ce cadeau de la nature les incitera à œuvrer plus tard pour sa préservation.
L’après midi, nous partons à travers la forêt d’altitude afin de rejoindre une cascade sauvage au bout d’un sentier peu engageant. Les racines d’arbres tortueux constituent une partie du chemin et nous hésitons à traverser les passerelles parfois glissantes. Avec prudence, nous descendons pour admirer les chutes d’eau.
Au retour, en longeant la rivière Savegre, nous aurons la chance d’observer longuement un 3ème couple de Quetzal à proximité de leur nid.
La région des forêts de nuages dans la cordilière Talamanca abrite 75 couples de Quetzal, soit 15 de plus qu’il y a 20 ans. Venir les observer contribue à l’économie locale et incite les habitants à sanctuariser des morceaux de forêts pour garder cette ressource éco-touristique dans la vallée. Sans les déranger, avec ou sans guide, ces rencontres inoubliables sont donc profitables autant pour l’espèce que pour le globe-trotter et l’autochtone.
Après être remontés sur les crêtes de la cordillère de Talamanca, une longue descente vers la côte pacifique. Dans l’après-midi, nous approchons du littoral près du village de Dominical puis obliquons plein sud vers le péninsule d’Osa.
La route se perd alors dans l’enfer vert. Ici, des terres ont été laissées pour la culture du Palmier à huile. Nous écoutons le silence de ces monocultures sans vie, hantées par quelques seuls rapaces.
Nous filons vers la bourgade de Sierpe, quelques kilomètres plus loin.
Le contraste est saisissant avec le jardin grouillant de vie du modeste hôtel Veragua où nous logeons pour la nuit. Au petit matin, Aras, Pics, Toucans, Colombes, buses, hérons, tangaras multicolores animent le jardin.
Après plusieurs jours d’approche, le deuxième temps fort du voyage sera l’aventure en famille au cœur du Parc national du Corcovado.
Ce parc est le plus grand du Costa Rica. Il couvre environ un tiers de la péninsule d’Osa, au sud-ouest du pays. Il est considéré par le National Geographic comme « l’un des endroits du monde le plus denses en terme de biodiversité ». Les paysages qu’il abrite sont composés d’une forêt tropicale primaire (l’une des dernières forêts primaires côtières d’Amérique) et d’un espace marin partiellement couvert de mangroves.
A l’exception d’une piste d’atterrissage réservée à l’approvisionnement des scientifiques, le cœur du parc n’est accessible que par plusieurs jours de randonnée dans la jungle, avec traversé de rivières bateau. C’est donc au terme de deux étapes de navigation que nous atteignons la très isolée station de la Sirena.
La station biologique a été récemment rénovée. La chaleur est écrasante et les enfants découvrent l’ambiance d’un dortoir à l’air libre composé de lits superposés entourés de moustiquaires. La nuit amplifie l’ambiance sonore de la forêt primaire qui nous entoure. Nos voisins pour la nuit : scientifiques, aventuriers… mais aussi grenouilles bruyantes, coatis chapardeurs, cigales entêtantes… et singes hurleurs !
Les abords même des hébergements abritent une faune d’une variété étonnante. Dès nos premiers pas dans la jungle, nous observons les quatre espèces de primates vivant au Costa Rica : le Singe écureuil, ou mono titi, le Singe hurleur, réellement impressionnant de puissance lorsqu’il émet ses cris territoriaux, le Signe araignée, agile avec sa queue, et le Capucin à la cagoule blanche.
Les enfants étudient attentivement la brochure des oiseaux du parc et à chaque pli de la brochure se demandent « quel est ton préféré »…
Moi, c’était le Cotinga turquoise, qu’on a vu de très loin, mais aussi le Trogon aurore Trogon rufus que nous avons bien obsrêvé grâce à son chant puissant :
Le matin à l’aube, nous partons explorer la partie côtière de la forêt primaire.
Juste avant la plage, le guide nous indique un Tapir qui sommeille. Il digère des agapes de la nuit. Quelle grosse peluche.
Principal proie du Jaguar et du puma avec les pécaris, le Tapir est surtout visible près de la plage et des rivières, le matin et le soir.
Nous prenons le petit déjeuner sur la plage tout en nous amusant du ballet des centaines de Bernard l’Hermitte. Ces fossoyeurs des plages débarrassent celles-ci de tout objet comestible, végétal ou animal.
Sur la rive d’en face, les enfants découvrent bien plus inquiétant : un Crocodile d’Amérique, remontant l’embouchure, un Requin bouledogue, à la recherche d’une proie étourdie par les remous dus aux courants contraires…
Nous observons également un autre tapir qui traverse le fleuve à la nage, et enfin un paresseux endormi, comme sa réputation l’exige!
Les oiseaux ne sont pas en reste : aras, toucans, colibris, milans, pélicans, trogons, pics, hoccos, cotingas, gobemouches tyrans…
Le deuxième jour, avant l’aube, une expédition à la lampe torche révèle la vie grouillante de la forêt. Les yeux de millions de minuscules araignées réfléchissent le faisceau de lumière. Quelques batraciens de couleur terne se lovent aux pieds des souches. Le long de la rivière, les perroquets rejoignent leurs sites d’alimentation.
Dernière surprise, sur le chemin du retour, un majestueux Vautour pape, parent du condor, se laisse photographier alors qu’il s’est posé sur grosse branche.
Les enfants ont observé en quelques jours la plupart des animaux de leurs imagiers sur la jungle et cette expérience les marque encore 2 ans après.
Nous repartons du parc national, émerveillés et conscients du fragile équilibre que le Costa Rica doit trouver entre la préservation de ce site isolé de la jungle côtière et l’ouverture à l’écotourisme.