L’étourneau de Bali et la faune du parc national Bali Bharat

Sites visités dans le nord-ouest de l’île.

Cap à l’Ouest (Bharat en indonésien) ! Nous quittons les hauts plateaux pour arriver enfin au bord de la Mer.

Nous faisons deux haltes touristiques sur la route depuis Munduk : la visite du temple bouddhiste de Brahma Vihara Arama et une moment de détente aux sources chaudes Air Panas Banjar. En voici quelques rapides souvenirs qu’on trouvera dans la plupart des guides touristiques ;-).

Le temple bouddhiste de Brahma Vihara est le seul temple de cette confession à Bali, île ultra majoritairement hindouiste (ce qui en fait une exception en Indonésie, pays musulman à 95%). Un grand escalier mène à sa partie haute, de laquelle on domine la mer de Java.

Une partie du temple est constitué d’une réplique miniature du grand temple javanais de Borobudur

Bouddha sculpté, dans un tronc qui lui sert d’écrin

La deuxième étape, aux sources chaudes, permet de se détendre dans un eau à 38°°C environ. Pour les Balinais cette source est réputée pour guérir les problèmes de peau. Des jets d’eau sortent de la gueule de statues en forme de dragons. 

Après cette pause touristique, nous approchons de Permuteran, au nord ouest de Bali. Eloigné du reste des zones touristiques, on pourrait penser que l’on traverse de grandes zones naturelles pour y parvenir, avec une route dévoilant de beaux points de vue. Et non… C’est une des choses qui nous aura le plus étonné : presque toutes les routes de l’île – que nous avons empruntées- sont longées d’habitations, et on croit toujours évoluer en agglomération ou dans un village… Ce qui explique les longs temps de trajet (vitesse moyenne : 20 km/h).

Un route, peut être en pleine campagne…

Permuteran aux portes du parc national

Pourtant voici le cadre de carte postale de la paisible ville de Permuteran, dont la vie s’organise autour de la route principale. Au fond, on distingue les volcans de l’île de Java. L’urbanisation est peu visible…

cliquez pour zoomer…

Après 1h de route nous admirons enfin la « Grande Bleue » qui baigne l’archipel indonésien. Et découvrons avec plaisir sa température élévée… (29°C).

Nous logeons 1,5 km dans les terres, à Alaya Eco Lodge, un lieu très zen, adossé aux contreforts montagneux du parc national et doté d’une belle piscine pour le grand plaisir des enfants.

Les collines derrière les bungalows
…que l’on aperçoit derrière la piscine

L’ambiance est très zen, y compris pour les lézards…

L’objectif de cette excursion loin des zones touristiques : Observer l’emblématique Etourneau de Bali dans son milieu naturel. Rescapé d’une extinction certaine, l’unique espèce d’oiseau endémique de Bali est un mythe pour tout ornithologue. Nous ne pouvions visiter l’île des Dieux, tel qu’on surnomme Bali, sans chercher à observer cet oiseau menacé.

La page Ebird de l’Etourneau de Bali ou de Rotshild, En danger critique d’extinction.

Recherché par les collectionneurs pour son plumage blanc pur et son chant mélodieux, le braconnage a été la cause principale de son déclin, à laquelle s’ajoute aujourd’hui le grignotage de son habitat. Les forêts sèches tropicales, habitat principal de l’étourneau de Bali, sont parmi les écosystèmes les plus menacés en Indonésie, avec une perte annuelle de biodiversité alarmante.

En 2008, j’achetai, à la librairie de la Rue Buffon ce livre : Rare Birds Yearbook 2008  The World’s 189 Most Threatened Birds. (« Les oiseaux les plus menacés de la planète en 2008 »). Voici la présentation qui était faite de cet oiseau, avec ce chiffre alarmant résumant la situation : Population (2008) : 24 couples, en déclin.

Protégé depuis 1970, sa population comptait 200 individus selon les estimations de 1975. En 2001, seuls 6 individus sont recensés à l’état sauvage. Mais 3000 seraient présents en captivité, dont seulement un tiers recensés dans des registres (zoos…). Les autres sont détenus par des particuliers, comme de nombreuses autres espèces (plus de 10 espèces observées dans les cages de Bali le long des routes):

Un Etourneau de Bali en captivité illégale à Munduk. Il fallait jusqu’à 2000 USD au marché noir…

Dans les années 2006-2010, les réintroductions en milieu naturel se multiplient notamment sur l’île de Nusa Penida, grâce à l’action de la fondation Begawan qui a commencé son action dès 1999. En 2015, environ 200 étourneaux vivaient à l’état sauvage sur l’île de Nusa Penida. Une méthode innovante appelée prêt d’élevage implique les communautés locales dans la conservation. Un grand Bravo à cette association balinaise qu’il est possible de soutenir en visitant leur centre à Gianyar.

la page web de Begawan

Le gouvernement a aussi fait sa part avec la mise en oeuvre de relâchers dans le parc national du Bali Bharat où subsistait la seule population sauvage, qui a frisé l’extinction. La population est estimée aujourd’hui à plus de 600 individus sur l’île. Espérons que ce chiffre soit bien réel.

En tout cas, nous avons constaté la présence de plusieurs panneaux ou affiches traduisant des programmes éducatifs sensibilisant les communautés locales et les touristes à l’importance de préserver cette espèce emblématique.

Panneau dédié aux touristes et locaux

Ainsi, des efforts légaux, des initiatives communautaires et des recherches scientifiques renforcent l’espoir d’un avenir durable pour l’étourneau de Bali.

Cet oiseau fait partie intégrante de la mémoire collective et du patrimoine de l’île de Bali, comme en témoigne sa représentation sur plusieurs tableaux ou peintures dont celle-ci, à Ubud, que j’aurais bien achetée… Un peu kitch quand même!

Peinture originale, galerie d’artistes à Ubud

Voir l’Etourneau de Bali !

Il aurait été intéressant de visiter les volières d’élevage de Begawan au nord d’Ubud, mais nous avons préféré chercher à voir des individus sauvages dans le parc national… et d’autres espèces rares par la même occasion. Pour cela, nous serons guidés par l’agence locale Bali Birding Tour, qui est la référence en matière de circuits ornithologiques en Indonésie méridionale.

Nous partons à 5h30 du matin ce 18 juillet vers le Parc national. Motivés… Un peu dur quand même! Après 35 minutes de route, nous pénétrons dans les quartiers généraux du parc national.

A cet endroit, des étourneaux sont régulièrement relâchés. Avant leur retour définitif à la vie sauvage, certains sont encore nourris à heures régulières, permettant de garantir aux ornithologies ou touristes désireux de les voir de ne pas les louper. Nous découvrons, à l’heure du nourrissage matinal nos premiers oiseaux avec émotion, même si le cadre n’est pas 100% naturel, ce sont néanmoins des oiseaux libres de partir…Mais un peu dépendants encore !

Ils partagent le repas providentiel avec des Martins de Java

…et un très rare Etourneau de Jallak, lui aussi en voie d’extinction.

Une petite demi-douzaine d’étourneaux se présentent discrètement dans le grand arbre du centre de réintroduction.

Ceux-ci semblent heureux d’être libres et se manifestent des signes de tendresse….

Mais plus tard, à plusieurs kilomètres de là, alors que nous nous arrêtons pour observer un Langur noir de java, un magnifique singe endémique des îles de Java et Bali…

Incroyable ! Un peu plus loin, deux vrais « Bali Starling » sauvages nous gratifient de leur présence! Vu la distance au site de nourrissage, ils ne sont plus dépendants de l’homme et des fruits proposés près de Gilimanuk.

Ceux-là sont bien libres et portent sur leurs épaules les espoirs de tous les amoureux de la nature de la planète… C’est possible si on le veut. Il y a plein de défis écologiques à gagner à Bali, gageons que celui-ci sera durable et donnera de l’élan pour accomplir les autres!

Une journée d’ornithologie intensive

La journée commence bien. Cette première rencontre ne sera que les prémices d’une expédition réussie à chercher les oiseaux balinais qui hantent la jungle et la savane sèche de Bali. Nous commençons la quête des autres espèces par les abords d’un petit temple, avec en toile de fond le détroit de Bali et les volcans Raun et Ijen.

Parmi les premiers oiseaux observés, ce mimétique pigeon vert femelle au nom barbare de Ptilope turgris…

Ptilope turgris femelle

Nous rejoignons une zone agricole où le guide nous montre deux Petit Ducs de la Sonde présents depuis plusieurs années en reposoir diurne : nous restons juste quelques secondes pour ne pas les déranger…

Petit Duc de la Sonde

Surprise! Dans ce jardin, nous débusquons une splendide Brève azurine femelle qui recherche dans les sous-bois des petits. vers. Un autre rêve réalisé : observer ma première brève! (Pitta pour les anglais). C’est une des familles d’oiseaux les plus colorés.

Brève azurine femelle
extrait de la planche de la famille des Brèves… source : Cornell edu.

Il est concurrencé par la couleur par ce splendide Guêpier qui nous surveille juste aux dessus (si si !)

Guêpier de Leschenault

Un Pic s’invite au bal. Celui-ci est commun.

Pic de Bonaparte

Plus tard, dans une clairière, nous observons une Chevêchette de Java grâce à la connaissance des secteurs qu’elle fréquente par notre excellent guide…

Chevêchette spadicée

…et juste après, le plus petit rapace d’Asie du Sud Est, le Fauconnet moineau, qui vient de capturer un oiseau à peine plus petit que lui !

Fauconnet moineau

Ce secteur abrite aussi 3 espèces de Barbus comme ce barbu à plastron rouge

Enfin, voici l’Echenilleur gobemouche, petit insectivore.

Hémipe véloce ou Echenilleur gobemouche

A l’affut…

Nous poursuivons par une heure d’affut afin d’observer les espèces discrètes de la jungle… Ce type d’affut est utilisé pour photographier les oiseaux insectivores des forêts denses en les attirant avec quelques petits vers… Sans cette méthode, il est quasiment impossible de les observer car ils vivent dans la forêt dense.

Le Graal qu’on peut observer ici, c’est ce minuscule Martin-pêcheur à dos roux… La star du moment ! Il nous gratifie de nombreuses action de chasse

Arrive en suite une belle Témia bronzée, parente de nos pies aux reflets mordorés.

Et enfin, une splendide Brève azurine mâle fait sa star à quelques mètres de nous…

Qu’on aime ou pas le nourrissage à des fins photographiques, l’impact reste très limité et local (un ou deux sites dans toute la forêt vaste de milliers d’hectares) et donne en tout cas beaucoup de frissons, comme au cinéma…

La réalité des photos instagrammables d’oiseaux en affut… un bol de vers !
Akalat de Horsfiled

Nous quittons ce secteur, survolés par un Serpentaire bâcha, rapace adepte de reptiles, et rejoignons un secteur plus ouvert de savane.

La Savane

Savane pâturée

En lisière, un Engoulevent affin dort sans se soucier des ruminants qui paissent non loin… Appréciez le mimétisme….

…ni des macaques à longue queues à la recherche de nourriture…

Deux Colombar à double collier se nourrissent de fruits dans les arbres de la savane. Admirez la délicatesse des couleurs!

Dans un marais adjacent, nous photographions le minuscule Martin-pêcheur aigue-marine.

Méliphage brunâtre

Enfin après déjeuner, nous nous dirigeons vers la Mangrove puis les marais salants pèche de notre point de départ.

C’est l’habitat de nombreux hérons et imicoles dont le Pluvier de java, endémique de l’archipel d’Indonésie.

Pluvier de java

La Sterne naine est en revanche plus cosmopolite, elle niche en bord de Loire….

Sterne naine

Les immenses marais de Permuteran ont été crées pour permettre l’exploitation du sel et la culture de crevettes.

A l’issue de cette longue journée de près de 10h, mais où nous avons été témoin d’une incroyable biodiversité, nous rentrons nous reposer… Avant de suivre le gérant qui nous invite à admirer le coucher de Soleil sur une colline adjacente.

Dans le prochain article : nous vos emmenons en obsrêver en plongée sous-marine au pied des volcans…

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