Les Oiseaux de Lanzarote

Repartir en voyage deux ans après l’interruption du périple des obsrêveurs autour du monde, c’est comme retrouver des habitudes là où on les avait laissées… Même valises, mêmes habits fétiches du moins pour les adultes (l’aînée ayant pris 20 cm notamment), mêmes envies de grands espaces et de découverte de cultures nouvelles et de faune insolite…

Le choix d’une île hispanophone fait inconsciemment écho à ce continent latino américain que nous n’avions pas pu découvrir à la fin de notre voyage de 2020…

Les paysages arides et volcaniques de l’île de Lanzarote semblent sans vie au premier abord. De maigres plantes grasses et autres plantes xérophiles (qui aiment la sécheresse) cherchent à survivre aux conditions difficiles : vent, soleil permanent, pluies rares voire quasi absentes selon les endroits. Il n’y presque pas d’arbres à part quelques palmiers sur les hauteurs d’Haría, des figuiers cultivés ici ou là…

Malpais de la Corona. Le « mauvais pays », inculte…sauf pour l’homme ingénieux

Quelques espèces y ont néanmoins élu domicile en s’adaptant à ces conditions. Certaines sont endémiques des îles de l’Atlantique.

Villages et plantations

Ironie de la toponymie, nous nous installons au pied du volcan Corona, près du village d’harda. Mais ici en cette fin avril 2022, grâce à très fort taux de vaccination, l’insouciance face à la pandémie a enfin gagné les habitants.

Voici notre improbable « casa rural » au pied du volcan… et au milieu des maigres cultures gagnées sur la lave.

Aux alentours de notre gîte rural, le Pipit de Berthelot est l’oiseau le plus abondant. Son cri se fait entendre un peu partout.

Plus difficile à voir, la Fauvette à lunettes se cache dans les buissons. Celle-ci a été surprise au village de Maguez en plein nourrissage. Elle récoltait des chenilles sous un figuier pour les apporter dans son nid au cœur d’un buisson.

Plus discrète, surtout repérée à son cri, la Perdrix gambra est ici un gibier. Cela n’en reste pas un bel oiseau!

Dans les villages et sites touristiques, mais aussi dans les grottes de lave, nous trouvons le Moineau espagnol. Il diffère du moineau domestique par son cri mais surtout sa calotte entièrement brune et sa gorge fortement striée de noir.

Jable de Teguise et Famara

Dans les plaines arides, une seule espèce d’Alouette a élu domicile. Il s’agit de l’Alouette pispolette, aussi présente en Espagne, en Afrique du Nord et au Proche Orient.

Son chant flûté, assez voisin de celui de l’Alouette des champs européenne, retentit au petit matin dans la Jable, vaste plaine agricole semi-désertique entre Tao, Famara et Teguise.

Plus discret, le Roselin githagine est de la famille des fringilles. Il se nourrit de graines diverses. Son bec orange est remarquable !

Roselin githagine

Sur les buissons, on trouve aussi assez couramment la Pie-grièche méridionale. C’est une sous-espèce propre aux Canaries qui réside ici : Lanius excubitor koenigi.

Mais l’espèce la plus recherchée de l’île par les ornithologues de passage est surement l’Outarde houbara. Cette grand outarde est assez commune mais sa découverte n’est pas toujours aisé tant son mimétisme est excellent. Que ce soit dans les prairies herbacées…

ou dans les plaines rocailleuses…

Son cou bordé élégamment de noir se confond avec les rochers volcaniques et leurs ombres… Il n’a pas été simple de la trouver!

Plus discret encore, on peut entendre le cri de l’Oedicnème criard. Il ne se sera pas montré cette fois-ci. Ces paysages constituent pour lui un paradis.

Je rêvais de voir le mythique Courvite isabelle mais hélas malgré 6 kilomètres dans les steppes au nord de Playa banca, je n’aurai pas pu prendre de cliché aussi splendide que celui-ci que Stephen Burch aura bien voulu me prêter. Je le remercie pour son blog inspirant.

Courvite isabelle – Cream-colored Courser (c) S. Burch.

Rapaces

5 espèces de rapaces sont nicheuses sur l’île. Les autres espèces observées ne sont que de passage sur la route migratoire qui les mène d’Afrique occidentale à l’Europe : Milans, Busards….

Le plus commun est l’omniprésent Faucon crécerelle Falco tinnunculus dacotiae. Il chasse insectes, rongeurs et lézards.

A deux reprises, nous avons observé le Vautour percnoptère Neophron percnopterus majorensis dont quelques couples nichent sur les falaises. Voici un juvénile présent aux abords d’une décharge agricole.

Sur les falaises est aussi présent le Faucon de Barbarie Falco peregrinus barbarensis. Ce dernier nous a survolé au Mirador del Rio.

On trouve aussi en fin de saison le Faucon d’éléonore sur les îles de la réserve de Chinijo. Enfin, dans le nord de l’île, le Balbuzard pêcheur a élu domicile sur les îlots et pitons rocheux. Nous l’avons observé brièvement avec un poisson dans les serres au dessus d’Orzola mais il n’y aura pas de photo !

Lagunes

Il n’y a pas de lac sur Lanzarote… Le seul bassin artificiel est celui du Golf de Tias mais il était à sec.

Pour observer les oiseaux des milieux aquatiques, il faut se résigner à fréquenter les salines de Janubio, sur la côte sud-ouest de l’île…

Echasses blanches
Tadornes casarcas nicheurs

Voici quelques limicoles migrateurs qui font halte sur les vasières du Port de la ville principale, Arrecife.

Tournepierre à collier
Courlis corlieu
Bécasseaux variables
Gravelot à collier interrompu

Une importante colonie de Hérons gardeboeufs a élu domicile à proximité.

Les golfs sont par contre les seuls endroit où on trouve de la pelouse. Ces milieux sont familiers aux oiseaux migrateurs qui remontent vers l’Europe et ils y trouvent vers et insectes dans la terre … Un terre apportée par bateau qui permet à l’herbe de pousser grâce à un arrosage à l’eau douce issue des usines de désalinisation… Une belle aberration écologique de plus !

Bergeronnette printanière (M. flava thunbergi)
Huppes fasciées

Quelques hirondelles épuisées par le vent fort se terrent au sol.

Hirondelle rustique
Hirondelle de rivage

Sur les côtes, seules deux espèces sont régulièrement visibles au large. Le Puffin cendré, aux allures de petit albatros;

Puffin cendré

…et le Goéland leucophée, version méditerranéen de notre Goéland argenté breton auxquel il était jadis associé par les scientifiques.

Voici une magnifique brochure -en français- éditée pour le compte de la réserve de biosphère sur les espèces pour aller plus loin… et donner envie de découvrir cette réserve de biosphère de l’Atlantique ?

A bientôt pour un rattrapage en deux derniers articles rafraichissant sur l’Islande (2018) avant la suite des aventures à Lanzarote !