Découvrir le Népal
Avant d’emmener nos enfants au Népal, nous décidons de découvrir le pays à deux à l’occasion de nos 10 ans de mariage. Connaître le pays, ses habitudes alimentaires, la difficulté des sentiers nous rassurera pour leur faire découvrir ensuite ce pays attachant.
Pour ce premier trek, nous sommes passés par l’agence Nepalayak, très professionnelle, tenue par un couple franco-népalais que l’on recommande chaudement ! L’avantage était, sur une durée aussi courte (14 jours), de ne pas perdre de temps à éditer les permis de trek, trouver un guide, un porteur…
S’accompagner des services d’un guide local permet de partager cette randonnée avec des népalais, de pouvoir échanger avec eux et de mieux comprendre ce pays. Nous ne regrettons pas!
C’est donc avec Sabin, jeune guide plein d’énergie de 26 ans et Rabi, porteur de la vallée de Siding, que nous partirons à l’assaut des pentes du Machapuchare.
Un trek engagé au pied de la montagne sacrée
Le Machapuchare, malgré son nom, n’est pas une montagne du Pérou mais bel et bien un sommet sacré du Népal culminant à 6993 m. Malgré sa hauteur, elle est 1000m en deçà du point culminant du massif des Annapurnas (8041m), dont elle est la montagne le plus méridionale.
Aussi appelée « Fish tail » – queue de poisson, en raison de sa forme bifide qu’on peut observer depuis la crête du Mardi Himal, le Machapuchare est une montagne sacrée.
Ce statut de montagne sacrée lui confère l’inviolabilité puisqu ‘aucun permis n’est accordé pour gravir ses arêtes. Le Machapuchare est réputé n’avoir jamais été gravi. L’unique tentative répertoriée fut celle d’une équipe britannique en 1957qui arriva jusqu’à 50 mètres du sommet, mais s’arrêtèrent alors comme ils l’avaient promis. Après cela, la montagne fut déclarée sacrée et interdite aux grimpeurs.
Nous partons de Pokhara au petit matin. La balade en bateau (5$) sera pour plus tard…
La météo est grise et les sommets sont cachés. L’humidité préalable à la saison de mousson est précoce en cette mi-avril. Après une heure de mauvaise route, nous commençons le trek vers Phedi par des chemins empierrés bien entretenus.
Les villages dépassés, nous arrivons sur la crête de Damphus mais hélas, la vue promise au moment de déjeuner par les affiches au bord de la route ne fera pas partie du menu… L’ horizon est bouché, sauf à lors d’une brève éclaircie, telle une promesse.
Arrivée à l’Australian Camp, après une heure de traversée en forêt claire, l’horizon est gris. Avant l’averse de grêle, nous partons à la chasse photographique des oiseaux des forêts.
Deux jours dans la forêt tropicale de montagne
Le trek du Mardi Himal a la particularité de parcourir une crête sur tout son parcours ascendant et d’offrir de splendides échappées vers les sommets alentours… Hélas, les deux jours d’ascension jusqu’au Camp d’altitude à 3550m sont chargés d’humidité. Nous progressons dans le brouillard.
L’ambiance est fantomatique. Nous avançons d’un pas lent, profitant de chaque instant de ce décor époustouflant. Les arbres, les orchidées, les magnolias géants, les cris des oiseaux – surtout le matin- et l’odeur des mousses nous émerveillent. Nous avons tout notre temps puisque nous ne devons pas suivre un groupe ou rentrer avant telle heure. Le sentier est peu fréquenté et les hébergements suffisamment nombreux pour nous accueillir le soir, sans réservation.
Des massifs de bambous couvrant les pente de la profonde entaille qui mène à l’Annapurna Base Camp débordent jusqu’à la crête où nous marchons. Nous nous prenons à rêver de l’observation d’un petit Panda roux, mais il est extrêmement rare dans l’aire de conservation des Annapurnas…
A la place, voici la Pie à bec jaune de l’Himalaya
Au terme de deux jours de montée sur une crête forestière nous arrivons dans un paysage tant attendu : la forêt de rhododendrons géants. Nous y croisons notre premier Yak.
Le Trek du Mardi Himal, nouvellement tracé, est en plein essor. Il commence à se faire connaitre, comme alternative aux sentiers « surpeuplés » du tour des Annapurna, de Poon Hill… Les hébergements se construisent à grande vitesse; Nous croisons de nombreux népalais portant la nourriture pour les « lodges » – autre nom pour ces petits refuges de montagne, mais aussi des tôles, ciment, mobilier. Ils montent avec courage dans la journée depuis la vallée, soit près de 2000m de dénivelé parfois…
A la recherche du Lophophore
La pluie nous surprend vers 3000m pour se calmer alors que nous arrivons dans les alpages. Nous cherchons dans les pentes herbeuses à observer le Lophophore resplendissant, en vain – juste une silhouette bleue au loin, à peine un pixel…
L’horizon est toujours bouché mais à l’arrivé au dernier lodge, High Camp, à plus de 3500m d’altitude, la promesse d’un lendemain meilleur nous est annoncée par un bel arc-en-ciel…
Nous discutons longuement autour du livre Birds of Nepal avec plusieurs guides des opportunités d’observer le fameux Lophophore. Nous sommes dans la bonne tranche altitudinale pour l’espèce. Elle apprécie les pentes dégagées au dessus de la limite de la forêt, comme notre Tétras lyre dans les Alpes.
Demain peut-être?
Confiants de la promesse faite par l’arc-en-ciel, nous quittons nos matelas et la nuit glaciale. Il est 4h30 du matin. Un verre de thé noir et une pate de fruit pour petit déjeuner suffiront.
Le miracle a eu lieu. Le firmament est étoilé.
Nous entamons, à la lampe frontale, l’ascension vers le point de vue du Mardi Himal. Nous sommes contents d’être avec un guide, car le chemin n’est pas si facile à suivre et nous aurions surement pris un raccourci épuisant si nous étions seuls.
Après 1h de montée à petits pas, l’altitude rendant le souffle court, le Soleil illumine le sommet des Annapurnas.
Puis quelques instants plus tard, l’astre solaire s’invite derrière la crête du Machapuchare.
A partir de cet instant, nous vivons un rêve éveillé. Les pluies des jours précédents ont, au dessus de 4000m, pris la forme d’averses de neige et ont immaculé le sentier qui nous mène vers le Camp de Base du Mardi Himal.
Nous progressons à plus de 4200m mais sommes ceints de sommets trois à quatre mille mètres plus hauts que nous.
Vertige.
Même à cette altitude, la vie est là.
Prenant quelques mètres d’avance, je vois arriver un oiseau qui marche tranquillement juste devant moi, de la droite vers la gauche, avec un pas rapide.
Je me pince. Ce n’est pas un mirage. Un Lophophore resplendissant. L’ Himalayan Monal pour les britanniques.
3 jours à porter un appareil photo de 3kg… Pas en vain : Le Lophophore me fait cadeau de son altesse, lui, l’oiseau emblème du Népal !
Il mérite bien un zoom :
Je préviens de suite Cécile et le guide, mais cinquante mètres, lorsqu’on se balade vers 4000m, ne se couvrent pas au sprint. Sans se presser pourtant, l’oiseau est parti vers les pentes enneigées en contrebas.
Il ne reste plus que des traces de pattes à suivre pour justifier que je n’ai bel et bien pas rêvé.
Derniers efforts.
Nous poursuivons pas après pas. La pente se durcit.
Dernier regard en arrière
Toujours aller de l’avant.
Le soleil était notre cadeau ce jour là ! Nous avons atteint 4300m!
beau reportage et tout semble facile meme avec 4 kg sur le dos !
A ce sujet j’hesite a changer d’objectif ou de boîtier et tes conseils seront étudiés!
Magnifique Lophophore, quelle chance d’avoir pu l’observer et bravo pour la belle photo. Actuellement au Népal, nous ne l’avons pas vu, mais heureusement la faune est riche et variée, nous avons pu en profiter aussi !